Quel est ton métier et peux-tu résumer ta mission à La Villette ?
Au sein du projet Little Villette, ma mission est d’organiser et de développer des projets pédagogiques pour l’environnement et la biodiversité. La Villette est un bon terreau pour cela ! Je coordonne les espaces des jardins passagers et de la ferme de la Villette en pensant sans cesse à les faire évoluer. Je veille à tout ce qui fait la qualité de l’accueil des publics en étroite collaboration avec la super équipe qui développe et anime les ateliers.
« Ma mission est d’organiser et de développer des projets pédagogiques pour l’environnement et la biodiversité. »
Quel est le fil rouge de ce que vous y programmez ?
Même si les sujets scientifiques sont très terre à terre, on a à cœur d’offrir un cadre agréable en associant observation et pratique, pour que les publics repartent avec un petit bout de la Villette – comme une eau florale de lavande -…et le souvenir d’avoir travaillé avec ses mains dans un lieu calme et beau.
C’est l’esprit Little Villette : le fond est aussi important que la forme et on voit les choses en grand, en gardant le souci du détail.
Quels liens avec la programmation culturelle ?
En concertation avec mes collègues de la direction de la programmation culturelle, j’accompagne la ligne éditoriale des ateliers environnement en proposant des contenus pédagogiques en écho avec les spectacles et expositions. Par exemple, des ateliers sur l’agriculture antique égyptienne pendant l’exposition Toutankhamon et le trésor du pharaon. La saison culturelle est au cœur de nos métiers : avec l’équipe, on imagine en permanence de nouvelles actions pour y faire écho.
« Je suis passionné […] Ma mission est de transmettre cette passion de la nature et de son incroyable beauté et adaptabilité. »
Comment qualifier ce qui nourrit tes actions à La Villette ?
Je suis passionné par la botanique, les jardins et les plantes. Ma mission est de transmettre cette passion de la nature et de son incroyable beauté et adaptabilité.
Selon toi, en quoi La Villette est-elle spécifique comme lieu culturel ?
A la Villette, tout est possible ! On peut passer en quelques mètres d’un atelier sur les insectes à un énorme festival, d’un restaurant locavore à un concert électro à l’espace périphérique…La multiplicité des propositions est tout à fait unique.
Peux-tu décrire une de tes journées type ? Suivent-elles le rythme des saisons ?
Aucune de mes journées ne se ressemblent depuis 15 ans. Elles commencent en tous cas tous les matins sur le terrain pour voir si les animaux et les plantes sont en forme. Le travail est très lié aux saisons et au rythme de la nature et du vivant avec une très forte activité de mars à juin et de septembre à novembre où jusqu’à 7 ateliers peuvent avoir lieu la même journée. Avec l’équipe, nous vivons au rythme des saisons. L’hiver, il faut prévenir le gel et l’été, il faut optimiser l’arrosage, alors que l’automne est la saison de la taille les arbres…
Quels sont les grands rendez-vous proposés au public sur l’année ?
En plus des ateliers réguliers, nous organisons deux grands week-ends thématiques : au printemps, autour de la transhumance des brebis solognotes rustiques, nous proposons des animations autour des métiers de la laine et du travail avec les chiens de bergers ; à l’automne, le festival Vivaces ! s’organise autour d’un grand marché de plantes et propositions pédagogiques associées.
Au quotidien, quelles sont les coulisses de ton métier ?
Il y a une grande partie d’encadrement des équipes, de coordination et de travail administratif pour chaque atelier. Dans ce métier, la dimension représentation et conduite de projet est également importante pour faire évoluer et rayonner ces jardins, notamment à travers de nouveaux partenariats à imaginer.
La ferme a par exemple demandé 3 ans de préparation, depuis l’élaboration du concept jusqu’à l’accueil des premiers animaux. Cela a été un énorme travail d’équipe depuis la recherche de soutiens, les premiers plans et toutes les étapes qui ont permis d’affiner le projet.
Avec quelles équipes de La Villette travailles-tu le plus ?
Je suis en lien avec de nombreuses équipes de la Villette. Il y a d’abord une belle collaboration avec mes collègues de la Direction de l’Exploitation et de l’Aménagement, qui veillent au quotidien à l’entretien et à la préservation du parc et de son patrimoine végétal et vivant. Le responsable des espaces verts est le véritable vigile de la nature à l’échelle du parc : encadrement des jardiniers et prestataires, suivi sanitaire des 3000 arbres, inventaires de la biodiversité… On se donne des coups de mains, on le sollicite pour récupérer des copeaux de bois ou lui prêter des outils quand il a des chantiers participatifs….
Les nombreuses expertises de la DEA sont très utiles pour les jardins passagers et la ferme et nous bénéficions régulièrement des compétences de l’équipe Parc et VRD (restauration des bacs à compost ou de la toiture de l’espace ateliers de la ferme). Avec cette direction, nous réfléchissons aux améliorations d’aménagements des espaces pédagogiques et à tous les projets d’envergure.
Tu évoques également souvent la Direction Technique Spectacles ?
Oui ! Nous avons également la chance de pouvoir compter sur les talents de ces équipes qui ont réalisé de nombreux éléments en harmonie avec les ateliers Little Villette, avec des solutions à la fois solides, durables, économiques et esthétiques, en privilégiant le recyclage. Avec ingéniosité et créativité, les collègues de la construction décors ont créé le mobilier qui accueille les publics de la ferme mais aussi le “château des escargots” et ces moutons en bois. Sans oublier la pergola du sous-bois, les mangeoires aux oiseaux ou le labyrinthe pour les lapins !
La gestion du bien-être animal a-t-elle impliqué une organisation particulière ?
L’arrivée des animaux a créé de nouveaux sujets et responsabilités avec un autre type d’attention à avoir.
Avec les directions administrative et financière et celle de la production, en lien avec l’agent comptable, nous avons eu plusieurs problématiques spécifiques à résoudre avec le projet de la ferme.
Comment faire venir facilement un vétérinaire ou un maréchal ferrant en cas d’urgence, par exemple ?
Quelles sont les autres équipes de la Villette impliquées dans le projet de la ferme et des jardins passagers ?
Les équipes de la sécurité nous accompagnent régulièrement pour conseiller autant sur la vidéo-surveillance, la circulation des publics et les mises aux normes pour que ces espaces extérieurs atypiques puissent accueillir animaux et visiteurs.
Toute l’année, je fais aussi équipe avec celle de la communication en fournissant les éléments sur les activités organisées pour les éditions et la communication numérique.
La complicité avec les équipes de réservation, billetterie et relations aux publics est indispensable pour organiser le meilleur accueil de tous les publics.
Avec le pôle EAC, je travaille à une bonne cohérence des parcours proposés et avec l’équipe du mécénat nous échangeons sur les mécènes qui pourraient rejoindre nos beaux projets comme c’est aujourd’hui le cas avec la Fondation Adrienne et Pierre Sommer sans qui la ferme n’aurait pas pu voir le jour.
Quelles sont les associations et prestataires qui sont partenaires de tes actions ?
Je travaille au quotidien avec plusieurs personnes clés comme un apiculteur et l’équipe de Vernopâture, avec laquelle on organise la transhumance et qui nous fournit la paille et le foin. Je n’oublie pas Les petits pois de la Villette, des jardiniers de quartier qui gèrent des parcelles de biodiversité et le “cabaret des oiseaux” ou encore Pépins Production avec qui nous organisons le festival Vivaces. Tous ensemble, on crée un vrai réseau de compétences croisées.
Quels sont tes espaces de travail au-delà du parc ?
Deux projets importants dédiés à l’environnement sont menés hors les murs et soulignent l’expertise de la Villette. Tout d’abord, avec Jardiner c’est la santé ! est né en 2021 un potager collectif écologique créé avec les détenus dans la cour de promenade du centre pénitentiaire La Santé-Paris.
D’autre part, la fondation Hermès nous a proposé de devenir coordinateurs de leur projet Manuterra dans les académies de Paris et de Créteil. Nous créons et animons des jardins dans 4 écoles chaque année, cela représente 48 ateliers et autant de séances de préparation chaque année.
Les ateliers et parcours sur l’environnement sont autant de “graines de savoirs” ?
Ces sujets de société intéressent de plus en plus les familles et scolaires, petits ou grands. On observe au quotidien cet appétit d’apprendre et de comprendre.
Nous venons d’ailleurs de développer une série de nouveaux ateliers “adultes” (jardinage écologique, teinture végétale, Cyanotypes botaniques…), en invitant à renouer avec des savoir-faire ancestraux et naturels.
Quelles sont les réalisations emblématiques concernant la biodiversité à la Villette ?
Je pense bien sûr aux deux réussites collectives que sont la ferme de la Villette et les Jardins passagers. Ces derniers étaient conçus pour être éphémères il y a 25 ans et sont devenus des supports uniques pour la pédagogie et la biodiversité.
En conclusion, as-tu un rêve en particulier pour le futur ?
Mon idéal serait que le parc puisse accueillir encore plus largement la nature sauvage dans tous ses espaces.
En tout cas, La Villette est pour moi un lieu à l’écoute où l’on peut mener des projets innovants, si l’on sait à la fois garder les pieds sur terre et être ambitieux pour les publics. C’est une vraie chance.
* : avec le soutien de La Fondation Truffaut, de l’association Léo Lagrange, du SPIP 75 et du ministère de la Justice.