Olympicorama : la genèse du projet
Quand la tenue des jeux à Paris en 2024 a été confirmée, la question de comment interroger et mettre à l’honneur l’Olympisme à La Villette s’est tout de suite posée. Très vite, l’idée de faire appel à Frédéric Ferrer, artiste et géographe, capable de s’attaquer avec finesse et humour aux sujets les plus divers, s’est imposée comme une évidence. Passionné de sport et toujours prêt à relever les défis, Frédéric a accepté avec enthousiasme et ainsi est née l’idée d’un cycle de rendez-vous réguliers dédiés à l’Olympisme et aux disciplines olympiques, qui durerait jusqu’en 2024 et qui s’appellerait Olympicorama.
D’où vient l’idée des Olympicorama ?
En 2018, l’équipe de La Villette m’a proposé de réfléchir à un projet autour des Jeux Olympiques et Paralympiques et j’ai spontanément pensé à une forme que j’avais développée l’année précédente, pour les vingt ans des « Sujets à vif », une manifestation portée par la SACD et le Festival d’Avignon. En fidélité à ces formes hybrides où dialoguent la danse et les autres arts, j’avais proposé – chaque jour – une performance et une rencontre avec un artiste différent. Je ne suis pas spécialiste de la danse et j’avais eu grande joie à m’emparer d’un sujet que je ne maîtrisais pas, à le regarder d’une manière presque naïve. De la même façon, je ne suis pas spécialiste du sport. Et c’est précisément parce que je ne me sentais pas du tout qualifié que la proposition de La Villette m’a intéressée, comme un défi. J’ai eu l’idée de proposer un rendez-vous régulier, qui soit comme un immense marathon sur cinq ans. J’ai pensé ce projet comme une épreuve sportive et cela l’a vraiment été pour moi…
« J’ai eu l’idée de proposer un rendez-vous régulier, qui soit comme un immense marathon sur cinq ans. »
Comment avez-vous sélectionné les épreuves d’Olympicorama Le Final ?
Nous avons choisi en priorité les plus anciennes et les plus emblématiques, celles qui racontent le plus de choses, comme par exemple le tennis de table avec ce qu’on a appelé “la diplomatie du ping-pong”. On retrouve le 100 mètres parce que c’est la discipline reine, le marathon parce que c’est la seule épreuve créée par les Jeux Olympiques, un sport collectif (le handball) où l’on revient sur l’origine des jeux de ballons, un sport de combat (la boxe) et le saut en hauteur, notamment parce que c’est l’épreuve qui a le plus révolutionné ses techniques.
Quel est votre rapport personnel au sport ?
Après avoir été pratiquant très assidu à un niveau très faible, et donc champion de rien, en basketball, tennis de table et funboard, je me suis engagé corps et âme dans la course à pied, que je pratique régulièrement près de chez moi et dans beaucoup d’endroits où les tournées de spectacles me mènent. Je fais en moyenne 3 sorties de 12 km par semaine et je cours à un rythme tranquille avec une vitesse adaptée à la capacité de mes – plus très jeunes – artères et articulations, sans chercher d’exploit personnel, mais plutôt comme un moment d’exercice physique et de déverrouillage, de plaisir (merci les endorphines) et de pensée, voire d’écriture, car comme chacun sait, les idées viennent en courant, et je prends donc toujours mon téléphone pour pouvoir les attraper si jamais elles se pointent au détour d’un virage ou d’une foulée. Je possède donc de très nombreux enregistrements de ma voix courante avec le souffle coupé, qui sont particulièrement ennuyeux à écouter, mais qui parfois nourrissent joyeusement la dramaturgie des futurs spectacles, et des épreuves d’Olympicorama notamment.
Biographie de Frédéric Ferrer
Auteur, acteur, metteur en scène et géographe, Frédéric Ferrer interroge les figures de la folie et les dérèglements du monde, dans des spectacles nourris d’enquêtes de terrain et de sources documentaires, avec notamment des cycles artistiques : Les chroniques du réchauffement, l’Atlas de l’anthropocène, et les Borderlines Investigations.
En 2019, il commence un nouveau cycle en partenariat avec La Villette, Olympicorama, proposition de mise en jeu des Jeux Olympiques, en plusieurs saisons et plusieurs épreuves jusqu’en 2024.
Dans sa démarche, et semblable au géographe, qui fut longtemps considéré comme le spécialiste de rien, il aime davantage les frontières que le coeur des disciplines et développe des hypothèses et raisonnements souvent absurdes et décalés, se jouant de nos perceptions. Ses spectacles sont présentés dans de nombreux théâtres et festivals en France et à l’étranger.